Les cabinets de recouvrement de créances constituent une profession complémentaire aux professions judiciaires. Rémunérés aux résultats et non à l’acte, ces professionnels connaissent une croissance exponentielle de leur activité et sont confrontés à un certain nombre de problématiques qui y sont plus ou moins liées.
Afin de cerner ce que regroupe cette profession, quelles sont ses aspirations et les enjeux auxquels elle est confrontée, voici une interview de Thierry Gingembre, Président de l’ANCR (Syndicat national des cabinets de recouvrement de créances et de renseignements commerciaux).
Quelles sont les transformations en cours dans votre profession ?
Les transformations que nous connaissons sont principalement liées au digital. Depuis 20 ans, le nombre de petits contrats passés pour des petits montants et donc d’impayés a explosé alors que le nombre de professionnels du recouvrement amiable de créances est passé dans le même laps de temps de 1500 à 600. Nous devons donc traiter une quantité de dossiers importante. C’est pourquoi, nous devons être très à la pointe sur le plan digital afin de faire face à cette explosion de contrats et d’impayés qui nous sont confiés, tout en restant capables de personnaliser nos actions. Tout en automatisant, nous devons assurer un traitement humain des dossiers et assurer la qualité de notre travail. De plus, nos créanciers et nos clients sont de plus en plus exigeants. Ils veulent des retours et du reporting en temps réel, des mises à jour quasiment instantanées ce qui nécessitent d’avoir des systèmes d’échanges de données très performants. C’est un véritable défi technologique à relever.
Ensuite, avec cette explosion de petits contrats, notamment en matière B to C, (facture de téléphone, facture de VTC…), nous devons attirer l’attention des pouvoirs publics sur l’utilité pour l’économie française des sociétés regroupées dans notre syndicat. 56 milliards de créances sont passés en pertes et profits chaque année, soit 2% du PIB. Il faut que tous les acteurs qui sont en mesure de traiter ce problème puissent le faire dans des conditions qui facilitent le recouvrement.
Comment entendez-vous y faire face ou vous adapter ?
Nos sociétés ont toujours été à la pointe dans les domaines de l’informatique et du numérique. La plupart des acteurs du recouvrement amiable sont outillés pour répondre à ce défi technologique. Il n’aurait pas été possible de continuer à faire ce métier sans cela, ces 20 dernières années. Mais nous devons sans cesse nous adapter et rester vigilants à toutes les transformations techniques, comportementales et législatives en matière numérique. Il faut être toujours à jour, veiller à la protection des données, à des échanges performants et avoir des solutions informatiques fiables et sécurisées pour nos donneurs d’ordre.
Par ailleurs et pour ce qui concerne, le rôle primordial que devrait être celui de nos sociétés dans le traitement de ces 56 milliards d’impayés, l’ANCR a des solutions simples à mettre en œuvre, ne nécessitant pas de bouleversements importants sur le plan législatif. Bien que ces propositions aient déjà été portées à la connaissance des institutions politiques et législatives ainsi qu’à celle des principaux partis politiques et des grandes administrations tant françaises qu’européennes, nous devons faire en sorte que nos messages soient davantage entendus par les pouvoirs publics et les convaincre pour ce faire, que nous pourrions, grâce à ces réformes peu contraignantes, faire diminuer sensiblement ces 56 milliards d’impayés annuels.
Quel est l’impact du RGPD sur les cabinets de recouvrement ?
Nous sommes évidemment touchés par le RGPD. Toutes les réflexions sur la conservation et la durée de conservation des données mais aussi sur les données que l’on traite qui sont souvent des données qui concernent les créances des personnes physiques, occupent notre attention depuis plusieurs années. Ne serait-ce que parce que la CNIL nous a parfois demandé de rendre des comptes sur la façon dont nous traitions ces données.
Le réel impact est que le RGDP va obliger les professionnels du recouvrement à formaliser précisément un certain nombre de process déjà existants, à s’interroger sur la finalité des données qu’ils recueillent, ainsi à distinguer les données dont on a besoin de celles dont n’a pas besoin. J’y vois donc d’abord une formalisation de ce qui était fait peut-être par certains de façon empirique, et surtout l’obligation de sécuriser l’informatique et les transferts de données.
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Retrouvez l’intégralité de l’interview sur le Village de la Justice.
Laurine Tavitian
Rédaction du Village de la Justice.